Un prêtre et artiste influent slovène accusé d'avoir exercé des violences sexuelles et psychologiques sur des femmes pendant une trentaine d'années a intégré un diocèse dans son pays natal après avoir été exclu en juin de l'ordre des jésuites.
Marko Rupnik, 68 ans, "a été accepté dans le diocèse de Koper en août", a indiqué la circonscription ecclésiastique de cette ville portuaire de l'Adriatique dans une déclaration transmise jeudi à l'AFP, confirmant des informations de sites internet catholiques.
La décision a été prise "sur la base de sa requête" et du fait qu'il "n'a fait l'objet d'aucune condamnation en justice", explique le diocèse. "Tant qu'il n'a pas été sanctionné par un tribunal, il bénéficie des mêmes droits et devoirs que tout autre prêtre", ajoute-t-il.
"À partir du moment où il n'est plus jésuite, il devient prêtre diocésain et dépend donc de son évêque. Puisqu'il n'est pas sous le coup d'une condamnation, l'évêque peut décider de l'accueillir", a commenté une source consultée par l'AFP à Rome, disant ne pas savoir si le Vatican était "au courant".
Ce théologien et mosaïque de renommée mondiale, dont les œuvres sont visibles à Lourdes, Fatima ou Washington, avait été révoqué en juin de la Compagnie de Jésus de l'ordre des jésuites, à laquelle appartient le pape François.
Il est soupçonné d'"abus spirituels, psychologiques et sexuels" sur des femmes adultes, dont des religieuses, entre le milieu des années 1980 et 2018, un dossier qui a éclaboussé l'Église catholique.
Une enquête avait été ouverte fin 2022 sous la pression des révélations dans la presse italienne. Le religieux, resté silencieux sur ces accusations, n'a pas répondu aux sollicitations de cette commission.
Contacté par l'AFP, le Vatican - qui n'a jamais officiellement communiqué sur ce dossier - n'a pas réagi dans l'immédiat. Ce dossier a relancé le débat sur la capacité de l'Église à prendre des sanctions, alors que le Saint-Siège a multiplié les mesures pour faire face aux cas de violences sexuelles dans de nombreux pays.
A Rome, certains s'interrogent également sur la prescription des crimes correspondant à un procès canonique.
La Rédaction (avec AFP)